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Les Lionnes Festival : quand les femmes prennent la scène 

Texte : Mathilde Nicot

Samedi 15 novembre, la Cité Fertile à Pantin accueillait la deuxième édition des Lionnes Festival. Un nom symbolique pour un événement qui s’attache à offrir aux femmes de l’audiovisuel et de la musique la visibilité qu’on leur refuse encore trop souvent. 

Photographes et engagées pour une meilleure visibilité des femmes dans la culture, Anastasia Polak et Mélina Hadjadj ont cofondé Les Lionnes Festival afin de mettre en lumière les artistes féminines de l’audiovisuel et de la musique, trop souvent sous-représentées. Mélina s’est confiée à 33 Carats pour raconter cette ambition et le combat qui l’accompagne. 

Une association née d’un manquement

“L’histoire a commencé avec Anastasia Polak. On s’est parlées sur Instagram et on s’est rencontrées”, raconte Mélina. Très vite, un constat s’impose. “On s’est rendues compte qu’il n’y avait pas d’événements qui mettaient en avant les femmes dans l’audiovisuel et la musique en même temps.” Ce qui devait être “juste une expo photo” se transforme alors en véritable festival l’année 2024. “On s’est dit que tous ces métiers qu’on adore, on veut les mettre en avant !”, s’enthousiasme-t-elle. 

Le concept est pluriel, fidèle à l’écosystème artistique que Les Lionnes souhaitent défendre : expositions photo, performances de DJ, workshops, conférences, ciné-club avec la projection du documentaire Bad Bitch, la plus belle revanche du rap (France TV Slash) ou encore la diffusion immersive de clips réalisés par des femmes… “C’est un peu dur de choisir chaque année (rires), on a plein d’idées !”, confie Mélina.

La sélection des participantes se veut ouverte et intuitive. “On choisit par affinité, si on aime leur travail et les valeurs qu’elles portent.” Pour la deuxième année consécutive, un marché de créatrices complétait la programmation. Stand de gems, bijoux, illustrations ou encore le magazine Mosaïque, venu présenter sa grande enquête sur la fabrique du silence de l’industrie musicale face aux violences faites aux femmes. 

Un dispositif qui a su tirer pleinement parti de la Cité Fertile, transformant le lieu en terrain d’expression pour une nouvelle génération de talents féminins. 

Leur mantra : « Created by women, backed by sisters »

Symbole de force et de solidarité, la lionne chasse en groupe pour protéger sa famille. Moins visible que le mâle, mais plus rapide, elle incarne l’efficacité et la puissance collective. Un choix qui s’impose presque naturellement pour une association qui a créé un festival dédié aux artistes féminines. “Created by women, backed by sisters” signifiant “Créé par des femmes, soutenu par des sœurs” : la devise annonce clairement l’esprit de sororité porté par l’association. 

Pour Mélina, l’existence d’un tel événement relève même du “devoir”. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, déplore-t-elle. “On n’est pas assez mises en avant… Quand on voit la programmation des femmes sur un gros festival, il y a beaucoup plus d’hommes.” L’objectif est alors simple : “Nous, on veut faire augmenter ces pourcentages-là.” 

Composée de dix femmes bénévoles, l’équipe du festival entend agir concrètement pour faire bouger les lignes. Chaque année, elle soutient une association. Après avoir reversé 90 % des bénéfices à H.A.W.A. (réinsère les femmes en situation de vulnérabilité) l’an dernier, Les Lionnes Festival apporteront cette fois leur aide aux Maisons des Femmes en Palestine. “Quand il y a un problème, on veut essayer de participer à le régler”, résume la cofondatrice. 

Les difficultés persistent pour les artistes émergentes

“C’est dur financièrement et socialement d’être une artiste féminine émergente”, rappelle Mélina. “L’association “essaye de faire de son mieux pour ça”, convaincue que le changement passe aussi par la scène. 

À ce titre, la deuxième édition du festival a été marquée par la présence d’Anaïs Lawson, fondatrice du label Jeune à Jamais et, marraine de l’événement, qui a ouvert la journée avec une masterclass retraçant son parcours et son engagement pour faire briller la nouvelle génération de femmes dans l’industrie musicale. 

Un festival pérenne ?

Les Lionnes Festival entend bien durer. Créée il y a trois ans, l’association organisatrice voit déjà plus loin. “Le but, c’est qu’il y ait encore une édition l’année prochaine”, affirme Mélina. Pour l’heure, tout repose sur le bénévolat : “On reverse la plus grande partie des bénéfices à une association, on ne se fait pas de marge, ce n’est pas notre but”, précise-t-elle. L’un de leurs objectifs est néanmoins clair, “On aimerait pouvoir payer les artistes si le festival grandit.”  

Cette édition 2025 témoigne déjà d’une volonté à toute épreuve. “À la base, le festival ne devait pas avoir lieu et on a réussi à faire en sorte qu’il ait lieu (sourire). On est dessus depuis trois mois seulement. Rapide, intense… mais on est contentes du résultat”, raconte Mélina, enjouée. 

Au-delà du défi logistique, l’enjeu est sociétal. “L’idée, c’est de faire venir le plus de monde possible pour que le festival serve à éduquer sur cette question. On a tous des amis qui ne se rendent pas compte des problématiques… le festival est aussi là pour ouvrir les esprits”, insiste-t-elle. 

Faire grandir le public, faire évoluer les mentalités, c’est ainsi que Les Lionnes Festival espère assurer sa pérennité. On espère y retourner l’année prochaine ! 

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