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TÉMOIGNAGE : MON VOYAGE DANS LA JUNGLE DE CALAIS
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TÉMOIGNAGE : MON VOYAGE DANS LA JUNGLE DE CALAIS

TÉMOIGNAGE: Il n’y a pas de chiffre officiel pour recenser le nombre de migrants en France. Mais on peut compter environ 3 500 migrants vivant à la frontière entre la France et l’Angleterre et cherchant à la traverser. La « jungle » de Calais comme on la surnomme  est un lieu tristement médiatisé. Aicha s’y est rendue en tant que bénévole pour l’association Little Feet Trust. Voici son récit.

« Le 1er Mai dernier, je m’engageai avec une bande d’amis volontaires anglais pour une expérience qui allait nous marquer à jamais. »

Notre arrivée au camp

Quelques semaines plus tôt, une amie postait sur son mur Facebook qu’une association caritative du nom de Little Feet Trust, venant en aide aux enfants en situation précaire était à la recherche de volontaires francophones pour aller apporter de l’aide humanitaire aux réfugies vivant dans la « jungle » de Calais.

J’avais depuis longue date envie de m’impliquer auprès d’une association humanitaire, c’était pour moi l’opportunité parfaite pour une première expérience.

Ni une ni deux, je me retrouve par ce beau matin de Mai dans un van accompagnée de sept autres personnes en route pour Calais. Nous rejoignions un couple de volontaires anglais qui allait nous guider lors de notre journée de distribution de dons sur le camp. Leur gentillesse et dévouement à venir en aide aux réfugiés me frappe d’emblée.

En entrant dans le camp, nous quittons les routes pavées pour un chemin de terre qui nous mènera à l’entrée du camp. Après un rapide contrôle policier, ma première impression est celle d’un camp étrangement vide et calme (je comprendrai plus tard que la plupart des réfugiés dorment pendant la journée pour récupérer de leur nuit de tentatives à essayer de monter dans les camions en partance pour l’Angleterre), j’ai l’impression de pénétrer dans une zone de non-droit. Je ne savais pas tellement à quoi m’attendre, entre les images que les médias nous bombardent et la réalité, il y a parfois un énorme fossé.

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Kitchen in Calais

Nous déambulons dans un premier temps au sein du camp, confortablement assis dans notre van, croisant des regards surpris ici et là, jusqu’à ce que nous arrivions à la cuisine principale du camp où une partie de nos donations seront déposées. Là, nous faisons la rencontre de 3 Malaysiens, qui à ma surprise ne sont ni des migrants ni des réfugiés, mais sont venus à Calais,  il y a maintenant plusieurs mois pour « aider » disent-ils.

Depuis, ils ne sont pas repartis et ont mis en place une véritable structure dédiée à la collecte et au stockage de denrées alimentaires, mais aussi à la préparation de plus de 1 000 repas par jour pour les habitants du camp. Je m’étonne de comment ces 3 personnes sont capables de cuisiner 1 000 repas par jour. En discutant longuement avec eux, je découvre une organisation millimétrée : préparation des repas à 7h du matin pour la distribution des déjeuners, et de nouveau à 15h pour pouvoir être prêts pour la distribution des diners. Dans l’ensemble, les repas se ressemblent beaucoup et sont principalement composés d’une salade de tomates accompagnée d’une portion de riz et de légumes. La cuisine du camp  surnommée « Kitichen in Calais » dépend principalement des donations de différentes organisations humanitaires, je m’étonne qu’aucune aide ne provienne de la commune.

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Bidonville à ciel ouvert

Nos provisions une fois déposées, nos compagnons anglais familiers au camp, nous emmènent découvrir de plus près les conditions dans lesquelles vivent ses habitants.

Nous nous retrouvons immergés dans ce qui me semble être un bidonville à ciel ouvert, au sein duquel beaucoup d’hommes, quelques femmes et énormément de jeunes enfants et adolescents vivent un semblant de vie dans le chaos le plus total.

Les regards se tournent vers nous, beaucoup de « Hello » et de « Salam » résonnent lors de notre passage, nous entamons quelques discussions ici et là avec les habitants du camp, munis de mon appareil photo autour du cou, nombre d’entre eux me rappellent de ne pas les prendre en photo, ce que je respecte totalement.

Afghans, Syriens, Iraquiens, Kurdes, Soudanais, nous font part de leurs histoires, de leurs périples jusqu’à Calais, de leur désarroi parfois et du sentiment d’être totalement laissé pour compte par le gouvernement français.

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La réalité des migrants

Pendant les premières heures au sein du camp, je ne me rends pas vraiment compte que je suis en France, mon pays, à quelques kilomètres de la ville où j’ai grandi. J’ai l’impression d’être dans un monde autre, loin de toute la modernité à laquelle je suis habituée, cela me semble impossible qu’un tel endroit puisse exister en France, pays des droits de l’homme, de la « Liberté, Égalité, Fraternité », cette devise me semble non applicable ici.

Je me pose beaucoup de questions en voyant ces jeunes ados non accompagnés, à peine sortis de l’enfance. Pourquoi ces enfants n’ont pas droit à un foyer chaleureux ? Un lit chaud ? À une éducation comme tous les autres enfants de leur âge ? Questions qui resteront probablement sans réponse. Je me dis que l’injustice, c’est vraiment très moche vu de près.

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Les dons de l’association

Après quelques heures à prendre nos marques, nous nous dirigeons vers la zone du camp où les familles résident. Une partie de nos donations est destinée aux familles avec enfants, étant souvent les plus vulnérables. Nous avons environ 50 colis alimentaires à leur distribuer.

Les familles au sein du camp sont pour la plupart logées dans de vieilles caravanes, plus « confortables » que les tentes et abris de fortunes qui constituent la majeure partie du camp.

Nous nous engageons, porte à porte, et les enfants reçoivent nos paquets le sourire aux lèvres.

Un sentiment particulier m’envahit. D’un côté la satisfaction de pouvoir apporter de l’aide aux personnes dans le besoin. Et de l’autre un sentiment d’impuissance, certes c’est le minimum que nous puissions faire : apporter quelques vivres et une oreille attentive, mais après ?

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Et après ?

Nous retournerons à notre quotidien bien confortable de l’autre côté de la Manche. Je reprendrai le métro pour aller travailler, boire le thé avec mes collègues comme tous les lundis matin, leur racontant comment était le week-end. Mais cette fois-ci, mon week-end aura été quelques peu différent des autres.

Cette courte immersion dans le camp de Calais me marquera pendant plusieurs jours après mon retour à Londres. Une chose est sûre, c’est que je me suis rendue compte que toute contribution, même la plus minime, fait la différence. Cela n’a fait qu’amplifier mon envie et ma motivation à donner plus de mon temps aux autres, que ce soit lors de crises comme celles que nous vivons avec les réfugiés ou alors au niveau local près de chez soi.

Certes, une éventuelle résolution de la crise des réfugiés demandera du temps et l’implication d’instances beaucoup plus hautes et l’action des différentes associations humanitaires locales (qui pour la plupart sont anglaises) reste limitée, mais elle est néanmoins vitale pour maintenir la (sur)vie et la dignité de ces êtres humains aux destins moins fortunés.

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COMMENT AIDER ?

Ces associations qui acceptent vos dons et participations :

La Vie Active : http://julesferry.vieactive.fr/

L’ Auberge Des Migrants : http://www.laubergedesmigrants.fr/

Dons pour la rénovation de Kitchen in Calais : https://www.gofundme.com/kitchenincalais

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